15 Nov
2012

Le retour à Saint Gervais -Traduit par Prof. Carmen Margan

“Toutes les choses pleines de souvenirs dégagent un rêve qui nous enivre et nous fait flâner longtemps…”  (Victor Hugo)

 

            Le rêve américain de Dumitru Sinu est devenu réel plusieurs années après son départ de Roumanie. De longs pèlerinages, en commençant avec les camps des réfugiés de Yougoslavie et d’Italie, ensuite l’aventure française, qui a eu  son impact le plus puissant, le Canada- avec ses leçons de vie et ensuite les États Unis- ont réuni dans son âme des souvenirs que les ailes du temps n’ont jamais réussi à effacer. Il  raconte tous ces souvenirs de tout coeur si on a l’occasion de lui parler. Moi, chaque fois que j’ai eu le privilège de l’écouter, j’ai eu le sentiment d’être le spectateur fidèle qui était en train de regarder un feuilleton inédit, le feuilleton d’une vie tumultueuse où la réalité, l’aventure et l’esprit s’ harmonisaient parfaitement.

            J’ai eu mes raisons d’utiliser le motto en haut de la page, car tout ce que je vais révéler ici est dû au souvenir, un souvenir sans égal resté dans l’âme de mon ami sur un endroit, sur un pays qui avait été pour la plupart de sa vie de réfugié sa seconde patrie- la France!

Il a toujours invoqué les bons temps passés en France dans ses conversations avec ses amis et les personnes qu’il connaissait. En plus, il a eu la chance extraordinaire de connaître tant de gens sages, de jouir de la présence de quelques  personalités culturelles fameuses, de nourir son esprit selon les caprices de son âme,  ce qui rendait le téméraire octogénaire vraiment chanceux encore une fois.

Le voilà aux États-Unis , marié à une femme distinguée d’origine française, avec une fille superbe née à Montreal et un fils né à Los Angeles, tout ça pour achever son rêve et pourtant, souvent, dans les discussions avec ses amis, qui n’avaient jamais été peu ou de mauvaise qualité, Dumitru Sinu vit avec nostalgie les années passées en France , particulièrement à Paris, la ville unique au monde de son point de vue et de beaucoup d’autres qui ont goûté pleinement de sa générosité.

L’idée de revenir en France se précisait petit à petit. Il tant désirait que le pays de Voltaire ouvrît les horizons de la connaissance pour ses enfants et que ceux-ci eût la chance de bien apprendre le français et de découvrir la culture du peuple français justement  en France. Animé par de nobles intentions, avec de beaux souvenirs dans son âme et sans réflechir à d’autres aspects qui auraient pu révéler un côté moins bénéfique de cette nouvelle aventure, mon vieux Miticã prend un jour sa famille et part pour Paris.

 

Miticã, tu n’es pas venu en France, tu as quitté l’Amérique!

Le retour à Paris lui a donné l’occasion de revoir ses chers amis et d’inspirer paisiblement le parfum des souvenirs…Il y avait joui de la présence, le soin et l’amitié de la famille Bunescu, il avait participé à de nombreuses actions culturelles où il avait entendu les voix de quelques intellectuels importants, écrivains et philosophes de la diaspora et d’autres encore. Tous les acquis du passé dont il se souvenait toujours avec plaisir, lui avaient été très utiles dans son expérience ultérieure  canadiano-américaine, en les gardant comme ses trésors.

            La rencontre avec Cornel Crişan, l’un de ses amis avec lequel il a passé la frontière aux Serbes, va changer son chemin, en attirant son attention sur  Saint Gervais, la localité que son ami lui avait conseillé de choisir et où il allait rester pendant huit ans avec sa femme et ses deux enfants.

            Quand ils se sont revus, Cornel s’est réjoui mais il n’a pas hésité de lui demander étonné: “Mais qu’est-ce que tu as fait, Miticã?” “Je suis venu en France!”- a répondu mon vieux Miticã. “Miticã, tu n’es pas venu en France, tu as quitté l’Amérique!”- a répliqué  Crişan d’un ton peu élevé, pareil à un professeur qui annonçait d’une manière inébranlable une vérité totale, en poussant son étudiant vers la réflexion.

            “C’est grande chose quitter l’Amérique- m’expliquait cette fois mon vieux Miticã. L’Amérique, c’est l’Amérique! Si tu vas dans n’importe quel pays du monde et tu demandes les gens où ils voudraient habiter, la plupart vont te dire – l’Amérique! Je n’ai pas quitté l’Amérique si facilement! Pourtant il a renoncé, mais pas pour toujours, il a accompli son désir d’éduquer ses enfants à l’esprit de la culture française, et encore de revoir la France et les  gens  merveilleux qu’il a rencotrés là-bas.

    

 Saint Gervais- un nouveau commencement?

            Cornel Crişan avait fini ses etudes universitaires en France et ce temps-là,  il était ingénieur à Paris. Il était content que Miticã était revenu et il l’a conseillé de rester à Siant Gervais, une petite ville superbe, au pied des Alpes, près de Mont Blanc, où on peut entendre les vois des trois civilisations voisines: la France, la Suisse, l’Italie. Après peu de temps, Cornel va suivre mon vieux Miticã  et il va déménager à Saint Gervais avec sa femme et leurs cinq garcons.

            Ville coquette, aux bâtiments construits dans un style architectural particulier, appartenant au début du XXe siècle, avec de petites rues pavées propres et d’un air de bourg Suisse, assaisonnée pleinement avec la finesse et le lyrisme du parfum français et la gaité propre aux italiens du voisinage, la petite ville des Alpes a été particulièrement accueillante avec Dumitru Sinu et sa famille.

            Dès son arrivée à Saint Gervais, la chance sourit à mon vieux Miticã: la première personne connue était un citoyen français qui se trouvait devant sa maison et…fauchait l’herbe. Poussé par la nostalgie des étés de chez lui, à Sebesul de Sus, quand il allait faucher avec sa famille, mon vieux Miticã s’est approché du Français, et lui demanda la permission d’écouter sa faux. Avec une précision formidable et un plaisir qu’il n’avait plus senti depuis longtemps, il ondoya la pierre à aiguiser sur le tranchant qui allait couper le soupir de l’herbe, tout en continuant à discuter avec le Français  resté bouche-bée: il n’avait jamais vu quelqu’un aiguiser une faux sans au moins regarder le tranchant d’acier. Ensuite il lui a demandé la permission de faucher et en la maniant avec beaucoup de finesse, il a vite gagné la sympathie et l’amitié du vieillard.

            En lui confiant qu’il désirait s’établir à Saint Gervais avec sa femme et ses deux enfants, mon vieux Miticã reçoit sur place l’invitation d’habiter dans la maison du Français. Il s’y est installé et resté huit ans.  “ Je ne payais que 200 dolars par mois”- me raconte mon vieux Miticã. Toute cette période il s’est entendu très bien avec le Français qui dînait tous les jours avec eux; Madame Nicole cuisinait très bien, en étant toujours un vrai cordon-bleu.

            Le propriétaire était un communiste veritable et disait à Dumitru Sinu: Nous sommes des communistes depuis beaucoup de temps! Nous avons créé la Chambres des Communes! Mon ami l’écoutait sans le contredire, il était un véritable diplomat, après quelques années il lui avait offert en cadeau une excursion en Russie. Le Français en est revenue déçu; il avait voulu voir comment vivaient les ouvriers soviétiques et l’image qu’il avait sur le communism semblait pâlir. Il avait raconté beaucoup de choses à mon vieux Miticã. Chaque histoire avait une ombre qui couvrait petit à petit ce qu’il avait idéalisé. Sympathique et aimable, le Français récompense  mon vieux Miticã pour son cadeau-l’excursion en Russie- avec un cadeau inédit: un pot de caviar.

 

“ Je veux que mes héritiers apprennent la langue de Voltaire!”

            Pour entrer en légalité, dès qu’il s’était installé à Saint Gervais, Dumitru Sinu a contacté les autorités locales. Il est allé au maire de la ville pour soliciter un visa de séjour en France. Pourquoi voulez-vous habiter ici? fut la question méfiante du maire de Saint Gervais. “Je desire que mes héritiers apprennent la langue de Voltaire. Notre séjour ici vous rend grand service!-  a répliqué aisément le Roumain . Le maire, un homme drôle,  n’a pas hésité à plaisanter: Il y a quelqu’un ici qui balaye…il s’appelle Voltaire! Et il l’a montré à mon vieux Miticã à travers la fenêtre. Mais il a été aimable et  a approuvé leur visa, et ensuite, durant tout leur séjour à Saint Gervais, il a facilité, chaque année, l’obtention de leur visa, en évitant les faire aller à Paris.

            A Saint Gervais, les habitants étaient plus accueillants qu’à Paris.  Ils se connaissaient tous, et une fois leur sympathie gagnée, on était l’un d’eux. La plupart des gens avaient des propriétés  à la montagne et à la plaine aussi, en les valorifiant de leur mieux. Ils coupaient du bois, ils travaillaient beaucoup, mais ils savaient se distraire et, Dieu merci, il avaient tant de moyens pour le faire!

Saint Gervais- une oisis du calme, fraîcheur et relâchement!

            Tout au long de l’année, dans la ville touristique de Saint Gervais  arrivaient beaucoup de visiteurs qui, en hiver, jouissaient du privillège de skier ou patiner, et, en été, ils profitaient pleinement de l’air frais de la montagne et la possibilité de pratiquer en pleine liberté l’alpinisme ou d’autres sports extrêmes.

            Le rapprochement de Mont Blanc, le plus haut sommet des Alpes français et de l’Europe de l’Ouest, avec une altitude de 4810 m., l’emplacement de la ville à une altitude de 850 m., offrait à ses visiteurs des opportunités illimitées de relâchement et de pratique des sports blancs, sur les pistes aménagées pour le ski et les patinoires. Ce milieu était à peu près familier à mon vieux Miticã car il était né au pied de la montagne et avait vécu la première partie de sa vie dans son village natal, situé presqu’à la même altitude avec celle de cette petite ville où il s’était installé en pleine maturité.

            Dse bâtiments élégants d’où parviennent les chuchotements d’une époque pleine de charme et romantisme, des rues où l’on rencontre tous le jours des gens aux visages sereins, le panorama d’inégalable Mont Blanc et les beautés montagneuses des alentours, conféraient à la petite ville-station une fascination spéciale. Paradis blanc en hiver at véritable puzzle de paysages féériques , avec des forêts séculaires et des prés aux fleurs en été, ce coin de paradis semble  délivrer l’homme des ténèbres des pensées et le transposer dans un monde pure, tranquille, patriarcal, qui semble créé par Dieu justement pour purifier l’âme et l’esprit.

            La station d’auhourd’hui reconnue comme la préférée  des célébrités- acteurs, écrivains,  hommes politiques- un endroit idéal pour les vacances, apporte un plus de modernisme et des modalitées de relâchement multiples, remplissant toutes les conditions pour la nommer la perle des Alpes.  Les pistes de ski et les patinoires, les installations de transport au câble qui lient toutes les stations de cette région,  le snowparc aménagé aux normes, attirent en hiver de nombreux tourists qui sûrement reviennent en été jouir des beautés des endroits et des possibilités de relâchement qui abondent  partout. Les piscines à l’eau termale valorifiée pour l’homme depuis plus de 200 ans, les dizaines de tracés de montagne et les endroits non atteints par le souffle de la civilisation- où l’on oublie qu’on vit dans le siècle de la vitesse, en se retrouvant dans l’ondoiement des fleurs ou le chant des dizaines d’espèces d’oiseaux qui vivent dans les forêts -, des terrains de golf ou de tennis, des manèges, la possibilité de pratiquer des sports extrêmes- tout ça fait partie des merveilles offertes par la ville de Saint Gervais d’aujourd’hui, ville qui a adopté pour huit ans mon vieux Miticã…Ce n’est pas une petite ville isolée de la civilisation, au contraire, elle se trouve à une heure de l’aéroport de Genève, et au pied de la montagne ce sont des trains qui s’arrêtent souvent dans la gare de Le Fayet.

            A cause de son esprit toujours vif, n’importe où il se trouve, Dumitru Sinu trouve chaque fois quelque chose qui raisonne avec son milieu; c’est ce qu’il a fait à Saint Gervais, en jouant avec les mots il a composé un court poème amusant au sujet de la passion pour les sports d’hiver: Ah! Qu’il fait bon patiner/ Si tu savais qu’il fait bon/ J’aimerais toujours patiner/ Jamais étudier/ Ah! Qu’il fait bon patiner!”. Après avoir réfléchi plus tard aux implications sur l’étude ou le renoncement à l’étude en faveur des distractions, le poème continue:  Ah! Qu’il  fait bon près du tableau noir/ Savoir toutes les bonnes réponses/ On te donne un 8 en te disant: va à ta place / Ça va mal près du tableau noir/ Quand on ne sait pas les réponses/ On te donne un 3 et on te giffle/ Ça va mal près du tableau noir!”. Cela quand ses enfants avaient déjà commencé à étudier en France.

Il n’y avait pas beaucoup d’immigrants à Saint Gervais. Mon vieux Miticã ne se rappelle que d’un Australien et d’un Anglais qui vivaient là-bas. Ils se connaissaient tous, c’était une petite communauté, tranquille, armonieuse et il était impossible de ne pas observer chaque personne arrivée à Saint Gervais.

Quelques Roumains de valeur au pied des Alpes

            Saint Gervais était aussi la ville d’adoption pour d’autres familles roumaines. Après l’arrivée de Dumitru Sinu, ce fut Cornel Crisan  qui le suivit, celui qui lui avait indiqué cet endroit. La femme de Cornel était française, née à Paris; ils avaient cinq beaux garcons, un mariage heureux mais parfois, quand il entendait Madame Nicole Sinu parler roumain très aisément, il  grondait son épouse en lui montrant la femme de Miticã: Mais elle, comment est-ce qu’elle a appris le roumain?, car sa Française ne savait que quelques mots en roumain. Malheureusement, Madame Crisan est morte assez jeune…

            Cornel Crişan était un ingénieur chimiste brillant. Grâce à ses brevets d’invention il est devenu très fameux dans la science  parce qu’il a réussi à breveter quelques types de médicaments. Il a reçu une bonne pension de l’État français.  Mon vieux Miticã se souvient qu’il recevait environ 5000 francs, ce qui était beaucoup! Il est mort depuis peu de temps, là-bas, à Saint Gervais, la ville  des souvenirs de mon vieux Miticã…

            Il n’a jamais pu oublier ces gens, parce qu’ils étaient tous d’une qualité irréproachable, il les a toujours aimés et estimés .

            Comment est-il possible d’oublier une personne comme Vasile Ţâra, originaire de la ville de Bistrita et qui tant aimait les livres, comme je vous  ai déjà montré dans un chapitre dédié à lui seul? Savant de classe, licencié à Sorbonne, il travaillait dans l’enseignement et jouissait d’une reconnaissance speciale de la part de la société culturelle française. Il était marié à une femme asiatique,  dans les veines de laquelle coulait le sang bleu d’une dynastie  de la lointaine Indochine.  Ils ont toujours entretenu des relations d’amitié. N’oublions pas le fait que Vasile lui avait envoyé le croquis du passage de la frontière française, quant il se trouvait encore en Italie. Et voilà comment, après beaucoup d’années, le destin faisait possible leur rencontre à Saint Gervais.

            Un autre cher ami dont Dumitru Sinu se souvient avec plaisir est l’architecte roumain Elian. Neveu de l’illustre Gheorghe Tătărăscu, ex-premier ministre de la Roumanie d’entre les deux guerres mondiales, Elian a été le plus heureux quand mon vieux Miticã est venu à Saint Gervais. Ils se rencontraient presque chaque jour et il n’oubliait jamais de lui dire: Mon vieux Miticã, je suis tant heureux de te voir ici, car je ne parlais plus roumain avec personne!

            Un homme beau, grand, costaud et très intelligent, Elian était marié et il avait deux enfants: un garçon et une fille. Sa femme aussi n’était pas roumaine. Mon vieux Miticã ne se rappelle plus son pays d’origine, l’Estonie ou un autre petit pays  du continent, mais il sait qu’elle avait étudié à la faculté de médecine  de Roumanie at elle avait à Saint Gervais son propre cabinet médical. Madame Eliane est morte elle aussi, assez jeune, aussi comme la femme de Cornel Crişan. Le fameux architecte vit encore aujourd’hui et Sandra, la fille de mon vieux Miticã le visite assez souvent, en réussissant ainsi de continuer ce que son père avait commencé beaucoup de temps auparavant, c’est-à-dire converser avec Elian dans la langue douce d’Eminescu.

Au diner avec la famille Tătărăscu

            Mon vieux Miticã se trouvait encore dans la petite ville du pied des Alpes, quand la mère d’Elian est venue en visite à son fils. Madame Elian était l’une des soeurs de Gheorghe Tătărăscu.

            Le libéral Tătărăscu a eu des foctions importantes dans les gouvernements de la Roumanie d’entre les deux guerres mondiales, dans plusieures étapes: premier-ministre dans la période 3 janvier 1934- 28 décembre 1937 et 25 novembre 1939- 4 juillet 1940 et ministre des affaires étrangères dans la période 2 octobre 1934-9 octobre 1934, 11 février 1938- 29 mars 1938 et 6 mars 1945- 29 décembre 1947.

            Gheorghe Tătărăscu provenait d’une famille de boyards de la region de Gorj. Il a étudié le droit et l’économie politique à Paris, il a eu une activité politique prodigieuse. On peut dire  beaucoup de choses  sur cette personnalité, dont beaucoup d’entre vous avez certainement lu, et son nom est resté écrit avec des majuscules dans l’histoire du peuple…En 1950, il y avait 11 membres de la famille Tătărăscu dans les prisons communistes: Gheorghe Tătărăscu et ses quatre frères, Sandra – la fille du haut fonctionnaire, trois cousins et deux tantes de l’homme politique roumain. Ces deux dernières n’ont pas resisté  et se sont suicidées pendant leur détention. A Paris, où le frère de Sanda Tătărăscu étudiait le droit,  un autre malheur est arrivé:  après avoir entendu que son père avait été arrêté , le fils de Tătărăscu a eu une crise de schizophrénie. Il est mort en 1969, dans un asile de la capitale de la France…

Mon vieux Miticã, le voilà maintenant à table avec la soeur d’une illustre personnalité de la Roumanie d’entre les deux guerres mondiales, la mère de l’architecte Elian. Les membres de la famille Sinu étaient invités souvent au dîner à Elian et  ils passaient ensemble beaucoup de temps. Madame Elian, très distinguée, délicate, éduquée et très amicale était fascinée par les histoires de vie de refugié de mon vieux Miticã et lui disait souvent: Vous avez eu une vie si palpitante, mais personne n’en a écrit?

Mon vieux Miticã avait souvent dit à Vasile Ţâra- qui était plusieurs fois présent aux rencontres avec la famille Elian: Moi, je t’ai dit de commencer à écrire quelque chose!, mais il répondait avec le même calme impassible : Miticã, moi aussi je t’ai dit que ceux qui écrivent sont  plus nombreux que ceux qui lisent.

Est-ce que c’est Madame Eliane  qui a stimulé mon vieux Miticã à ramasser ses souvenirs dans ses notes? A part d’autres choses, l’intérêt de cette dame cultivée pour la connaissance de sa vie de réfugié l’a convaincu qu’un jour il allait ramasser ses souvenirs dans un livre..

Parfois, mon vieux Miticã invitait Madame Elian à la promenade car il avait beaucoup de temps libre et lui parlait indéfiniment des secrets, joies et  pièges de l’exil, des gens et des endroits, de l’histoire et la culture. A son tour, il était étonné par la culture vaste de Madame Eliane et par la fluence avec laquelle elle parlait le français et l’allemand. Sa curiosité impétueuse  l’a poussé un jour à lui demander comment elle avait réussi cette performance. Mon ambition a été de parler aussi bien qu’eux!, a été la réponse simple et claire de la dame distinguée.  Madame Elian n’est pas restée beaucoup de temps à Saint Gervais, elle a déménagé à sa fille qui habitait Paris.

“Tout le monde s’embrasse à Saint Gervais!”

Un cadre familial s’est instauré à Saint Gervais car ils se connaissaient tous. “Nicole embrassait toutes les femmes quand on entrait dans un magasin. Je devais attendre jusqu’à ce qu’elle les embrassait toutes, en France tout le monde  s’embrasse”- me le clarifie tout en riant mon vieux Miticã. C’était une communauté qui vivait en pleine harmonie et bienveillance et qui reconnaissait les valeurs.

Les Roumains de Saint Gervais  et Miticã dînaient souvent avec le maire, le chef policier, les médecins et les professeurs. “Les policies étaient aimables, il n’y avait pas de problèmes dans les villages”, soutenait mon vieux Miticã et les intellectuels étaient unis. Il avait des amis français aussi, et, bien qu’il adorât parler avec les personnes intelligentes, cultivés, Dumitru Sinu ne faisait pas de discrimination: s’il était à table avec des hommes politiques, des intellectuels fameux ou toute autre personnalité et apparaissait un homme simple qu’il connaissait , il n’hésitait pas de l’inviter à leur table, le traiter avec  respect en  le faisant se sentir aussi important que les autres. Mais il avait quatre amis français , un médecin, un journaliste et un professeur avec lesquels il aimait sortir et rester des heures dans un café, en abordant des thèmes amples et variés de sa vie, de la politique, culture ou de tout autre domaine.

Quand mon vieux Miticã entrait dans un restaurant tout le monde se levait, y compris les pesonnes âgées- “Comme chez nous dans les villages!”- précise Miticã Sinu. Il se rappelle qu’une fois un de ses amis des Etats-Unis, Aurel Lungu est venu en visite à Saint Gervais.  Celui-ci fut très étonné par l’intégration de mon vieux Miticã là-bas et lui a demandé: Mais comment est-il possible que tous ces gens te connaissent? Simplement: il a toujours su être agréable, respecter et c’est pourquoi il a toujours été respecté, il a aimé les livres et leur auteurs et il a partagé la joie de la connaissance avec ses amis.

Parce que j’ai réussi à connaître Dumitru Sinu très bien, je ne pose pas de telles questions, parce que sa manière d’être est unique, que l’on ne peut pas confondre, et il est impossible que quelqu’un qui le connaît  ne l’aime pas.

Les fêtes traditionnelles françaises et celles réligieuses constituaient une autre occasion pour un plus grand rapprochement des habitants de la ville de Saint Gervais. Ils savaient se distraire d’une manière originale,   ils chantaient tous, ils dansaient tous, s’embrassaient tous en sortant dans les rues.

Parce que Saint Gervais est près de la frontière de la Suisse, mon vieux Miticã emmenait sa famille assez souvent dans le pays de cantons et ses enfants adoraient les hamburgers suisses! “ Ils étaient plus chers mais ils étaient très bons!”- m’expliquait mon vieux MIticã en souriant.

“Viendra un temps où  l’on boira du champagne chaque jour!”

La vie de la famille Sinu n’a pas été toujours heureuse. Il y a eu aussi des périodes difficiles quand ils ont dû se soutenir l’un l’autre, avoir de la patience et de l’espoir pour des temps meilleurs. Mon vieux Miticã se rappelle que durant les périodes difficiles il avait promis à Nicole qu’un temps viendrait quand chaque jour ils boiraient du champagne. A Saint Gervais le rêve des deux époux qui ont traversé des périodes difficiles et des périodes de prospérité,  semblait devenir réalité.

Un jour, Madame Nicole fut surprise par son mari qui lui apporta 14 bouteilles de champagne. Il avait tenu sa promesse et durant 7 jours ils ont bu du champagne chaque jour. Le temps promis à sa chère femme est venu et les voilà avec leurs enfants jouir d’une vie plus sûre, plus tranquille et meilleure. Mais quand l’homme en a assez de trop bien, après les premiers sept bouteilles de champagne ils ont decidé de garder les autres et ils les ont savourées, une par une, quand ils recevaient la visite des chers amis. Ils étaient heureux à Saint Gervais, ils étaient vraiment heureux!

“L’Amérique, c’est l’Amérique!”

Le contact avec les Étas-Unis n’a jamais été interrompu par Dumitru Sinu durant tout son séjour à Saint Gervais: il y revenait pout acquitter ses taxes à l’État américain. Il y avait une affaire qui devait être managée et surveillée  et il devait surtout  remplir les déclarations d’impôts sur le revenu au début de chaque année, pour l’année précédente.

Bien que Saint Gervais ait constitué pour lui et sa famille une période de vie merveilleuse, avec des souvenirs inoubliables, un endroit où il se soit senti à l’aise, où il ait eu des amis d’élite qui l’ont apprécié et aimé,  il parraît que l’Amérique, la force qui y attire des gens de tout le monde, y compris des États avec un puissant moteur de développement économique, l’ont determiné à revenir au Nouveau Monde. “L’Amérique, c’est l’Amérique!”, c’est l’endroit qui l’a toujours attiré, où il a vu son rêve accompli dès son arrivée.

Après huit ans à Saint Gervais, mon vieux Miticã décide de revenir aux États- Unis. Il  s’établit cette fois à Reno, Nevada. La séparation de Saint Gervais n’a pas été facile, parce que Sandra et Nicolae sont restés là-bas pour finir leurs études, mais il a pris cette décision sans hésiter. L’Amérique lui manquait et il ne pouvait pas ne pas répondre à ce désir de son âme. Nicole est revenue aux États-Unis après quelques années, après avoir fini ses études au lycée, et Sandra s’est mariée avec un Français et est restée là-bas.

Des enfants de succès, des parents contents- une famille heureuse!

Sandra et Philippe, son mari, habitent aujourd’hui encore à Saint Gervais. Ils ont deux enfants, un garçon et une fille. Ils visitent périodiquement leurs parents, mais ce sont les petits-enfants  qui arrivent le plus souvent à Phoenix. Mon vieux Miticã en est fier et  très content, surtout parce qu’ il les voit satisfaits et qu’ils n’oublient aucun instant leur racines roumaines.

Philippe est le propriétaire d’une compagnie de façonnements métaliques où l’on réalise d’une manière très artistique des objets de menuiserie, des objets pour l’intérieur, des palissades, des balustrades, des accessoires ornamentaux  pour l’intérieur ou l’extérieur,  tout exécuté d’une manière particulière, en se remarquant par l’unicité des produits de ce genre à Saint Gervais et aux alentours. Mon vieux Miticã me parlait des outillages performantes que son beau-fils avait acquis et du standard élévé de son travail. Il en est content et fier en même temps de savoir sa fille à couvert et heureuse à côté de son mari qui l’aime et qui est très habile et capable.

Et pour que la satisfaction et la joie de Dumitru Sinu soient plus grandes, Sandra et Philippe ont racheté la maison paternelle à Sebeş, la ville roumaine de son enfance. Ils l’ont renovée, équipée avec tout ce qui est necessaire pout être une maison confortable, pour se sentir à l;aise et ils vont chaque année en Roumanie. Leurs enfants aiment la montagne, adorent les tracés de montagne des alentours du village de Sebesul de Sus, en réussissant à parcourir les tracés des montagnes Suru et Negoiu, mais aussi ont-ils parcouru une grande partie des montagnes Fãgãraş.

Les petits-enfants nés et élevés à Saint Gervais, mais aussi avec cette petite partie-là de sang roumain qui coulait dans leurs veines, sont arrêtés dans les rues du village  par des gens autochtones qui leur disent: Je sais qui vous êtes! Voue êtes de la famille du vieux Niculiţã! ( le grand-père de mon vieux Miticã)

Ils ne savent que quelques mots en roumain mais ils ont de fortes  liaisons avec Sebeşul de Sus; c’est ici que leur grand-père était né et par eux, par leur présence ici, chaque année, avec de l’amour pour les gens et les endroits, le coeur de mon vieux Miticã sera toujours chez lui et va battre  à la roumaine.

“Tout ce que l’homme possède n’a plus de valeur à un certain moment”- me disait mon vieux Miticã, en s’en rapportant à  la période de Saint Gervais! Les années passées dans cette ville ont eu leur charme, les enfants ont appris aux écoles françaises, comme il avait désiré, il a été heureux, tranquille, il a eu des amis, mais il avait commencé à en avoir assez et alors il est revenu aux États-Unis. Il avait été beau, il avait été bien, mais la vie de la famille Sinu devait suivre sa nouvelle trajectoire.

Plein de vie comme d’habitude, mon vieux Miticã me disait en souriant  à la fin de cette rencontre: “On ne peut pas avoir tout, car il est impossible de faire face!”

 

Octavian D. Curpaş

Phoenix, Arziona

Juin, 2012

14 Nov
2012

Maria Rugină : ÎNTRE PORȚI

                           

                                    ÎNTRE PORȚI



Tot ce n-ai trăit la timp –  fior, vârstă, bucurie –
Se depune undeva și continuă să fie.
Dac-ai amânat iubirea, de teama unei erori,
Ea te-ncearcă – spune mitul –  răbdătoare, de trei ori.

Conceput ca o verigă a Eternului Divin,
Bărbatul primește sensul spre eternul feminin.
Coborând pe plaiul vieții, pe-al destinului picior,
Poarta raiului se-nchide și preavrednicul păstor

Paște turma și înfruntă bezna ,,negrului zăvoi”,
Încheagă și rânduiește, fără a da înapoi.
Nefiindu-i suficientă doar femeia necesară,
Tânărul se lasă-ales de soața utilitară

Și abia ieșit din neguri, vânturi, arșițe și ploi,
,,Nesilit’’ se-ncredințează slăbiciunii unei… oi,
Care, mai promițătoare decât darnica natură,
Îl primește-n raiul său, de aleanul lui se-ndură.

După ce îl folosește, îl depune-n ,,dosul stânii”,
Ca să fie tot aproape când la lună latră câinii…
Cine spune ,,prost ca oaia” n-a simțit pe pielea sa
Biciul fracției eterne între a cere și-a da.

Singura ce-i umple gândul când se-apropie sorocul
Este mama disperată, care-i vegheză norocul.
Ea îi dă forța subtilă, maiestatea unui rege,
Strecurându-i în mental demnitatea de-a alege!

Și dorința lui de-a fi se adună, dă pe-afară,
Revărsându-se în vis spre zona complementară,
Pe al cărei necuprins își găsește împlinire,
Rămânând, pentru vecie, ea mireasă și el mire.
Întregindu-se dual cu a ,,Lumilor Crăiasă”,
El intră-n eternitate, dăinuind pentru Aleasă.
Perechea adevărată este cea în care crești.
Ea e avatarul lumii și-al esenței omenești!

Nu contați pe ,,ciobănelul” resemnat lângă mioare:
Raiul are două porți – de ieșire și intrare!
Între ele, este iadul de capcane și erori.
După ce le treci pe toate, nu mai merită să mori!

 

NEAJUNGEREA DE SINE



Poposind, într-un târziu, pe o margine de sine
Și privind, cu luare-aminte, cum ard visele din jur,
Văd o floare alintată de un zumzet de albine.
Ce fac eu când mănânc miere – dulce cilpa lor o fur?!

Atingând o stea deschisă, o simt rece, dar vibrând.
Când încerc s-o încălzesc, văd că nu se poate lua.
Suflu-n palmă, cu răbdare, foc de mine si de gând.
Ea mă-ntrabă zâmbitoare: ,,Vrei un strop din raza mea?”.

Undeva, în asfințit, un păstor își mână turma
Spre un adăpost de piatră, ferecat c-o cheie grea,
Care-i cade de la brâu, când, distrat, îmi calcă urma.
O ridic, îi fac un semn, dar îmi scapă… cheia mea.

 

Maria Rugină

 


 

14 Nov
2012

Maria Rugină: O LACRIMĂ ARZÂND

 

O LACRIMĂ ARZÂND

ÎN ,,LUMINAȚIE LA BIUȘA”

de Mariana Gurza

,,Lumină din Lumină” sfințește, la Biușa, apa lutului din care purcedem. Un fir de fum se-înalță prin aerul arderii noastre, ducând neliniștea unui suflet ales – Mircea-Eugen Craioveanu – spre nesfârșita grădină a împăcării depline.
Fie-i călătoria precum i-a fost viața printre noi: o ecuație limpede, în care, între fapta și esența sa umană, semnul egal avea putere de lege și simetrie fără echivoc!
Supuse arderii tăcute a durerii, încercatele culmi sibiene își acordează formele cu clipirile temătoare ale lanului de aur pâlpâietor, hrănind cu neuitare clipa despărțirii.
Luminație…
Vechimea și simbolistica obiceiului vine să ne amintească, în clipe de amară restriște, forța, bogăția și armonia spiritualității românești – coloana vertebrală pe care s-a înfășurat, întru verticalitate, rezistența milenară a poporului român pe meleagurile sale natale.
Versurile Marianei Gurza adună, într-o personificare unanimă, tăria pietrei, elanul viului, libertatea veșniciei, spre deschidere de cale, descriind circularitatea, sensul închis al ființării:,,La început a fost lumină”, la depășirea unui prag – ,,Luminație”.
Lumina este, în fapt, substanța care hrănește viața. Ea limitează moartea.
Ofranda de lumină dăruită sufletelor călătoare în văzduhul Nesfârșirii capătă, sub înalta simțire a poetei, proporții nezăgăzuite.
Simplitatea limbajului, în cernit suspin de durere, apelul spre trezire și participare către elementele din firescul nesecat al naturii, ruperile de ritm, impuse parcă de trecerea textului din voce-n voce, dau versurilor liniștea Neliniștii concentrate și dissipate, ca într-o litanie.
Sorbind lumina despărțirii întru neuitare, cei rămași, ,,tot mai singuri”, sunt îndemnați să iasă din ,,golul imens”, depășind legea trecerii prin speranța reîntâlnirii.
Lumina simțirii gurziene dă Luminației de la Biușa fiorul înalțării, fără abatere, a sufletului celui drag, spre întâmpinarea Voinței Divine, în necuprinsul Dincolo.
Aureolat de îndrăzneala risipirii cu folos a timpului hărăzit, de căldura lacrimii supreme a despărțirii, de neliniștea Tainei împărtășite, un suflet se desprinde, pornește, dispare …
O suspendare, în care predicatele se supun, lăsând încremenirea clipei să concentreze Fostul în măreția Devenirii !

Maria Rugină

14 Nov
2012

Vavila Popovici: Decență sau vulgaritate?

„Există o decență care trebuie păstrată în cuvinte ca și în ținută.”

Francois Fénelon

   Dicționarul explicativ al limbii romane definește DECENȚA: respect al bunelor moravuri, bună-cuviință; pudoare. Ca atare, omul decent respectă regulile de bună purtare, conveniențele și morala. Un om cu un suflet sensibil este imun la vulgaritate, fiindcă vulgaritatea jignește, umilește. Vulgar este omul neșlefuit, precum o piatra care zgârie, rănește, fiindcă este colțuroasă.

   Nu avem cum să cerem tuturor să se încadreze în nişte norme sau linii trasate de societate, deoarece există printre noi unii care vor să iasă din tipare, să epateze într-un fel, fie din cauza unui dezechilibru mintal, fie din lipsa bunei creșteri, fie din cauza unor trăsături vicioase de caracter, iar pentru acest comportament sunt priviţi şi catalogaţi, în cel mai blând caz, ca fiind nişte oameni ciudaţi. Dacă nu ar face rău societății, sigur că nu ne-am alarma, dar se întâmplă tocmai contrariul – umilesc conduita normală de bun simț a majorității oamenilor. Și poate că nu ar exista sau ar fi în număr foarte mic printre noi, dacă societatea în ansamblul ei ar fi una normală; dar se pare că ei se înmulțesc în condițiile unei societăți anormale, după cum societatea devine din ce în ce mai puțin normală din cauza înmulțirii numărului lor.

   Metoda brutală cu care acționează acești oameni, stilul pe care-l adoptă, este o sfidare la adresa bunului simț, a bunei cuviințe. Iată că râsul lor sfidător, vorbele de amenințare, limbajul de cea mai joasă speță – limbaj de mahala -, tonul vorbirii – urlet uneori -, sau îmbrăcămintea unora, obiectele preferate, poziția corpului, gesturile în intimitate, dar și în societate, gândul ascuns – vădește vulgaritate.

   Bine ar fi ca în folosirea cuvintelor, dar și în toate manifestările noastre, să ne comportăm cu decență și responsabilitate. Să dezaprobăm aspectul, atitudinea și limbajul agresiv. Decența se învață! Nu ne naștem nici decenți, nici cu caracterul frumos format! Socrate spunea că „oamenii nu sunt virtuoși de la natură”, iar Aristotel adăugase la faptul că virtuțile noastre nu ne sunt date de către natură, constatarea că din contra, „ele sunt date contra naturii, dar avem dispoziția naturală să le primim în noi”. Adică o deprindere „un stil al acțiunilor pe care-l căpătăm prin exercitarea lor, prin modul în care-l realizăm”, cu care să căutăm să fim altfel și în felul acesta se poate întâlni „mijlocia” pe axa pe care se mișcă voința sufletului nostru; măcar aici, dacă nu putem ajunge în cealaltă parte – opusă! Tot Aristotel arăta că trebuie evitate trei lucruri în viață: „răutatea, lipsa de reținere și primitivitatea animală”.

   În zilele noastre rămân valabile aceste percepte filozofice. Omul nu este ad litteram trup și spirit, ci după cum trupul întră în acțiune – să-i spunem într-un proces trupesc – și spiritul are întregul său proces spiritual, ca atare omul nu este ceva împlinit, ci este în continuă lucrare. Filozoful Giovanni Gentile spunea: „Omul este om întrucât se face om.” A fi oameni înseamnă a ne crea pe noi înșine, a ne crea viața, beneficiind de libertatea dăruită de Divinitate.

   Se coboară atât de jos, încât putem auzi înjurături din gura unor oameni de la care ne-am fi așteptat să fie exemple de comportament civilizat, cuviincios și unde? într-un mediu unde s-ar fi cerut decență… Cum de ies din gura lor înjurături, drăcuieli, uneori chiar blesteme? Cum se naște această plăcere diavolească, înscrisă în sentimentul unei vieți neîmplinite sau râvnite? Scriam cândva – și nu mă dezmint – că oamenii devin din ce în ce mai răi, capabili să lovească şi să ucidă pe cel de lângă el, cu cuvinte – scrise sau grăite -, cu propriul corp, cu arme, în special atunci când interese de ordin material sunt în joc. A dispărut toleranţa, sentimentele nobile, decența, a dispărut morala după care s-au ghidat străbunii noştri atâtea veacuri! Cuvintele, gesturile nu mai sunt spiritualizate, în aşa fel ca să-l facă pe cel de lângă noi să înţeleagă, să-l mângâie, să-l alinte… Nu ne mai apropiem unii de alţii prin acel sentiment de iubire, nu mai suntem înamoraţi de bine, de înalt…

   Am avut o colegă de facultate care înjura printre dinți când nu-i convenea ceva și multe nu-i conveneau și am întrebat-o într-o zi: „De ce înjuri?” „Să-mi vărs focul, să-mi treacă nervii!” „Dar de unde ai învățat să înjuri?” „La mine în casă nu era zi fără înjurături! Mama-l înjura pe taică-meu că se mișca încet și n-o făcea fericită, tata o – înjura pe mama că n-are minte să-nțeleagă!” Și-am înțeles cum în acea familie lipsea iubirea și respectul, și cum s-au imprimat cuvintele în mintea ei. Când am lucrat în fabrică, am întâlnit un coleg, inginer, fiu de preot, care înjura. Și erau unii care îl priveau admirativ pentru curajul de a sfida educația pe care o primise de la părinți, aceea a bunei cuviințe și a credinței. Era pe vremea comunismului! L-am întrebat odată: „De ce înjuri?” „Fiindcă sunt un om sincer! Eu sunt prieten cu muncitorii din secție: ei înjură, eu înjur…” Și cunoșteam atmosfera și am realizat învoirea sufletului său cu gândul rău. Am cunoscut un intelectual, profesor la un liceu, și care la cinci minute trebuia să-l pomenească pe „cel rău”. Și l-am întrebat și pe acesta: „De ce drăcuiți tot timpul?” „Da, așa fac? Nu-mi dau seama, dar, oricum, cei din familia mea nu se sfiau să mai și drăcuiască! Probabil că mă «răcoresc»!” Și-atunci am realizat evoluția păcatului, de la atacul gândului rău, până la obișnuința cu el. Am avut o vecină care înjura și drăcuia și am întrebat-o pe un ton glumeț: „De unde ați învățat atâtea înjurături «frumoase»?” „Din piață, dragă doamnă! Du-te și dumneata și vezi ce se bate la gura ălora de acolo!”

   Și m-am tot întrebat, de ce oare oamenii un pot găsi un mijloc decent de defulare? De ce au ajuns să considere normală o astfel de atitudine, încât nu-i deranjează? De ce toate aceste emoții nu le transferă în cuvinte frumoase, într-un strigăt către Dumnezeu, într-o rugăciune? Și dacă greșim – fiindcă nu este om să nu greșească -, de ce nu folosim scuzele sau acel atât de frumos cuvânt: „Iartă-mă!”? Fără educație, important fiind acceptul ei (spun aceasta întrucât de multe ori auzim câte un părinte plângându-se de copilul său: „Îi intră pe-o ureche și-i iese pe cealaltă!”), omul rămâne pradă fanteziei sale, iar fără credință în Dumnezeu fantezia poate lua căile cele mai urâte, ale păcatului, ale vulgarității, iar păcatul este lucrarea diavolului, a întunericului. În Romani 13:12 scrie: „Să ne dezbrăcăm dar de faptele întunericului și să ne îmbrăcăm cu armele luminii.

   Cauzele păcatului se spune că sunt mai multe: natura noastră animalică, anxietatea, înstrăinarea existențială, lupta economică, individualismul, ispitirea de către Diavol. Oare nu ne putem da seama că toate aceste cuvinte și manifestări vulgare, indecente, sunt curse ale Răului? Că prin ele ne înstrăinăm de aproapele  nostru și de Dumnezeu? Apostol Pavel spunea: „Duhul vorbește lămurit că în vremile cele de apoi, unii se vor depărta de la credință, luând aminte la duhurile cele înșelătoare și la învățăturile demonilor ”(I Timotei 4, 1).

   Un om decent este un om curat sufletește și trupește; el nu se murdărește, nu se încredințează vulgarității pentru a șoca, a se refula, a păcătui.

   Părerea mea este că ne lipsește evlavia, acea atitudine de respect și duioșie față de cineva sau de ceva, despre care pomenește Thomas Mann în cartea sa  „Doctor Faustus”: Libertatea pe care o avem înseamnă și libertatea de a păcătui, iar evlavia înseamnă a nu face uz de această libertate, din dragoste pentru Dumnezeu, care a trebuit să ne-o dea”.

Vavila Popovici – Raleigh, Carolina de Nord

Convorbiri – Vavila Popovici

13 Nov
2012

Maria Diana Popescu: Apocalipsa din decembrie şi extratereştrii

Cam douăzeci de mii de americani au semnat  o jalbă, prin care cer Administraţiei de la Casa Albă dezvăluirea informaţiilor secretizate cu privire la extratereştri. Culmea, recent, câţiva oameni de ştiinţă tot din America au descoperit, privind cerul cu ochiul liber, trei OZN-uri în dreptul planetei Jupiter, care vor opri pe staţia Pământ în luna decembrie şi ne vor împiedica să  mergem cu sorcova şi să tăiem porcul. Unde credeţi că vor ateriza, potrivit declaraţiei lor? Păi, nu aşa oriunde, pe teritorii neînsemnate, ci în America. Ne mai mirăm de ce toate relele, inclusiv catastrofala criză, au plecat în lume de la impostura americanilor de top. Falşii profeţi mişună acolo unde adevărul e ascuns şi binele, improbabil, adică în splendorile utopiilor occidentale. Cum aprehendează profeţii moderni apocalipsa, e îndeobşte cunoscut: este vorba de aşa-numita metodă de inoculare a fricii de moarte.
          Revenindu-şi rapid după dezamăgirea că, lumea nu s-a sfârşit în 2000, profeţii de duzină şcoliţi care pe unde în ,,ştiinţele apocaliptice”, anunţă cu surle şi trâmbiţe sfârşitul omenirii în decembrie 2012. Perspectiva înfricoşătoare, potrivit căreia anul 2012 este capătul civilizaţiei umane, a înfierbântat multe minţi descoperite, astfel că de câţiva ani suntem agresaţi cu fel de fel de scenarii, care de care mai macabre. Programat să aibă loc pe 21 decembrie, din fericire, sfârşitul lumii va fi ratat şi de această dată. Monahul tibetan şi restul profitorilor care au speriat globul pământesc trebuiesc puşi la colţ, în genunchi, pe coji de nucă. Ameninţaţi cu patru zile de beznă, cu lipsa magnetismului şi a energiei din ,,zona zero” a Pământului, noi vom respira uşuraţi, mulţumindu-ne să-i sorcovim pe extratereştrii aterizaţi în America. Celebrul Sundar Singh a dat şi el greş cu profeţiile pe termen lung. 2012 n-a fost chiar un an al ,,marilor catastrofe naturale”, ci unul al catastroficelor acte de corupţie la vârf, al războaielor de ocupaţie şi colonizării unor state.
            Să scoatem de pe agenda apocalipsei următoarele capitole: calendarul mayaş nu se ocupă cu apocalipsa, planeta Nibiru nu există decât în creaţiile speculative. Ceea ce ni se arată în lumea virtuală este imaginea stelei V838MON, realizată de telescopul Hubble. Inversarea polilor magnetici este nepermisă de orbita Lunii, iar modificarea câmpului magnetic se produce o dată la 500.000 de ani, pe parcusul a  câtorva mii de ani. Ultimul, dar cel mai important, alinierea planetelor – nu va exista. Chiar de ar avea loc, efectul asupra Pământului ar fi neglijabil. Monahul Tibetan sfătuia pământenii să-şi ia familiile, documentele şi banii (extreme de important să fie scos din puşculiţă tot mărunţişul), şi să plece în zonele rurale pe 21 decembrie. Nu înainte de a se aproviziona cu produse alimentare, apă, lemne şi lumânări pentru două luni. Mare adevăr! Din cauza crizei, vânzările supermarcheturilor din întreaga lume sunt în drastică scădere şi numai o apocalipsă putea fi cel mai mare şi sigur motor de salvare din ghearele falimentului.
            Eu aleg varianta celor 16,7 miliarde de ani până la Apocalipsă, potrivit  unor cercetători de la Universitatea de Ştiinţă şi Tehnologie din China: ,,Vom avea 16, 7 miliarde de ani la dispoziţie să ne luăm adio”, deşi fraţii Bohm, doi cercetători germani, scriu în revista ,,Astronomische Nachrichten” că, sfârșitul lumii se amână pentru 2116, adică, mai bine de un secol. Uite-aşa, fanii apocalipsei, la fel de numeroşi ca bancherii corupţi şi cămătarii-recuperatori, cred că extratereştrii ne vor scăpa de Nibiru şi de alţi asteroizi cu frânele rupte, gata să ne trimită în rai. Cam acesta ar fi topul catastrofelor de pe agenda apocalipsei moderne. El  poate fi amendat sau completat prin părţile esenţiale, pentru anul viitor. Vai ce dezamăgită sânt! îndelung comentata apocalipsă ne va ocoli din nou. Şi eu care credeam că valul de energie 4D îi va sălta pe bancherii, recuperatorii, cămătarii şi politicienii corupţi!
             Dar cum am uitat eu cu totul de centura fotonică? Puneţi-vă centura de siguranţă şi ţineţi-vă bine! Potrivit poveştilor fantastice ale unor profeţi ieşiţi la pensie, începând din decembrie, ,,Pământul va intra într-o zonă de energie fotonică şi ne vom bucura de 2000 de ani fără noapte”!
             Profeţii spun lucruri trăsnite, iar bogătaşii planetei, tremurând ca piftia de spaimă că, pe 21 decembrie 2012 li se va tăia conducta de bani,  îşi fac buncăre – pe dinafară, crame de vinuri, cu toate că specialiştii în studii maya din Mexic dau asigurări că poporul mayaş nu are nicio profeţie care să specifice că, în 2012 lumea ar dispărea. Sfârşitul lumii va veni ca un hoţ, numai Dumnezeu ştie când, iar atunci se vor întâmpla anumite fenomene care ies din sfera ştiinţei oficiale. În concluzie, mai de temut sunt foamea de petrol, de resurse preţioase şi mâna poliţistului mondial, gata oricând să apese pe buton sau  să elibereze din laborator un virus ucigaş, după ce a exploatat, robit, batjocorit popoarele şi i-a lichidat pe unii dintre conducătorii acestora. Până la următoarele profeţii, nu uitaţi! Cele mai ingenioase dispozitive de tortură pentru populaţia globului sunt crizele fabricate în laboratorul marilor puteri şi apocalipsele.
Maria Diana Popescu, Agero
13 Nov
2012

HUMILITY – (To my son Vlad)

          HUMILITY

(To my son Vlad)

 

I’m like a cloudy leaf

Fallen to your feet, Jesus.

Only prayers still give me power

After so much struggle and sorrow.

My beloved child is tried again now

And I can not stop the start;

I made a twin angel out of my tears

To stay with him as stroking.

I do not know if saints heard my prayers,

But I know that beyond the clouds

the saint and gentle sight

Watches and is among us.

 

 

           I AM AFRAID FOR YOU, SON


 

Before being you,
son,
it was me,
it was the luminous
longing singing words,
luminously singing in my soul.
And you came,
like a gallop of green green…
Therefore, this spring,
pin it, my dear, to the lapel
and show it to the tomorrow,
when those
with traveled horses
will come to the halt
of men.

 

Mariana Gurza

13 Noiembrie 2012

LA MULŢI ANI, fiul meu!

pt.vlad.-recita g.balica

 

 

 

12 Nov
2012

Părintele Adrian Făgețeanu despre Părintele Daniil

Parintele Adrian Fageteanu l-a iubit și-l iubește mult și se roagă pentru Părintele Daniil Sandu Tudor. Ba încă l-a urmat și la Govora, apoi la Rarău, și mereu securiștii i-au despărțit, ba arestându-l pe unul, ba pe celălalt, ba pe amândoi. Ultima întâlnire a lor a fost cu 2-3 zile înainte de moarte părintelui Daniil, la Aiud, la spălător. Deși nu mai știau unul de altul, fiind în corpuri diferite ale pușcăriei și fiind aduși la spălător la ore diferite (câte un dormitor întreg, cam 30-40 de oameni), totuși, a îngăduit Dumnezeu ca cele două convoaie să treacă unul pe lângă altul. Toți dintr-un dormitor se uitau cu uimire, cu bucurie, cu așteptarea împlinită a revederii, către cei din celălalt dormitor. Atunci, entuziasmat părintele Adrian a exclamat ”Părinte Daniile!”, iar părintele Daniil l-a îmbrățișat cu putere (deși era mult slăbit) și cu bucurie pe părintele Adrian (că doar era ucenicul lui) și i-a zis: ”Nu ne lăsăm. Dumnezeu este cu noi”. Peste câteva zile părintele Daniil, chinuit fizic prin bătăi, dar mai ales psihic prin amenințări și minciuni (că alții l-au turnat deja), a trecut din lumea aceasta în viața cea fără de durere și fără întristare…

– ”Mare a fost părintele Daniil! Un om curajos, profund, plin de înțelepciune și de erudiție, cum n-am mai întâlnit. Nu răbda, însă, să fie contrazis de cineva, mai ales când știa că are dreptate și că ceea ce zicea acela era superficial, neadevărat, hulitor sau pe lângă subiect, și ăsta era defectul lui. Nu putea să tacă, ci se înfierbânta imediat pentru Adevăr. Chiar și pe anchetatori încerca să-i convingă logic că Dumnezeu există și că ei, comuniștii, sunt ilogici când spun că Dumnezeu nu există, dar ei luptă împotriva a ceva ce nu există.”

Cuvânt și Iubire

Cuvânt și Iubire

„De aş grăi în limbile oamenilor şi ale îngerilor, iar dragoste nu am, făcutu-m-am aramă sunătoare şi chimval răsunător. Şi [&hellip

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,,Dragostea îndelung rabdă; dragostea este binevoitoare, dragostea nu pizmuiește, nu se laudă, nu se trufește". (Corinteni 13,4)
 

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